Nuances #3  

Camille Brée & Violeta Mayoral
Quand des intervention son et lumière rejoignent Nuances
Du 6 jan. au 28 fév.


© Anne Eppler


C’est une sensation particulière qu celle du silence et de l’ob-scurité qui s’installent dès lors que les spectateur·rices et l’équipe quittent le théâtre. Seule la servante veille. Le son et la lumière affectent l’ambiance, dans un théâtre vide, normale-ment conçu pour être habité... Les artiste Camille Brée et Violeta Mayoral ont été invitées à réagir et à proposer un pendant à cette veilleuse solitaire.



Violeta Mayoral

LA DERNIÈRE INSTALLATION DE LA TRILOGIE TOTAL

Total3, qui sera présenté pour la première fois au Théâtre, scène nationale de Mâcon (France), est la dernière installation de la trilogie TOTAL. Dans cette œuvre, Violeta Mayoral interroge notre capacité d’attention d’écoute ainsi que les limites de la matérialité du son à travers trois sessions acoustiques. À cette occasion, l’artiste se penche sur l’acte d’écouter dans un contexte acoustique, tout en explorant les relations entre la perception de l’échelle et la distance qui sépare l’auditeu·rice de la source sonore.


Dans Total1, cinq musiciens, positionnés au port de Barcelone, interprétaient une composition destinée à être entendue par un public situé sur la montagne de Montjuïc, à environ 600 mètres de distance. Avec Total2, les musiciens ont joué différents instruments à vent au volume le plus bas possible, dans la nuance pianissimo (pp).

Pour Total3, la composition met en avant l'énergie du toucher, allant du frottement à la percussion, et se concrétise dans une performance en collaboration avec les danseurs de flamenco Iván Góngora et Neus González Blanco, accompagnés du percussionniste Arnau Sala Saez. Lors de cette performance, le public se situe sous la scène en bois du théâtre, tandis qu'une série d'événements rythmiques se déroule sur la scène elle-même.

Camille Brée

GHOST LAMP AGIT COMME UN SIGNAL
    
Ghost Lamp est une sphère translucide de 1,50 mètre de diamètre installée sur le toit du Théâtre. Diffusant une lumière de couleur rouge, le jour comme la nuit, elle s’intègre à l’architecture et agit comme un signal.

J’ai imaginé Ghost Lamp spécifiquement pour le Théâtre de Mâcon. Je me suis inspirée de la tradition théâtrale de la lampe appelée servante ou sentinelle — une veilleuse indispensable qui éclaire les scènes vides pour éloigner les fantômes.

Ghost Lamp dialogue avec son environnement en signalant la présence du Théâtre. Par sa lumière rouge, elle remplit une double fonction, à la fois protéger et avertir d’un danger. Elle devient un point de repère dans la nuit, à la fois familier et étrange.”


“Camille Brée compose avec la lumière. Loin des ostentations halogènes, ses ampoules et veilleuses s’immiscent dans les coins, les recoins, elles campent, patientent et nous observent. Elles rejouent une stratégie d’infiltration, elles tiennent une position, elles luttent pour être là, pour ne pas s’échapper et succomber à l’envie – parfois si urgente – d’elles aussi disparaître. Les lumières de Camille sont peut-être des lucioles revenues. Peut-être que leur halo est là pour nous maintenir dans un état d’alerte ou de vigilance, comme pour nous rappeler qu’au-dehors c’est encore une émeute ou une guerre qui a lieu. Camille fait des espaces d’exposition des abris, non pas des bunkers fortifiés mais des endroits où brillent à l’unisson les présences et aussi les absences, convoquant moins les pleins que les vides et déliés. »

Lou Ferrand - Extrait du texte de l’exposition Pattern Partners, 2023






 

Née en Espagne, à Almería en 1988, Violeta Mayoral travaille actuellement à Barcelone.

Son point de départ est la photographie comme espace d’autonomie permettant à chacun d’entrer et sortir de l’image, qui devient alors performative, acoustique ou sculpturale, comme une métaphore du regard. Sa méthodologie s’organisant autour d’événements et de l’acte d’écouter, elle cherche à comprendre les régimes du sens depuis le paradigme de la vision et de l’expérience acoustique.


Elle a étudié la communication à l’Université de Barcelone, avec une mention en sémantique à l’UNAM (Mexico). Elle a notamment présenté son travail à la fondation Joan Miró de Barcelone, au Musée Reina Sofía de Madrid ou encore au Centre de la Création Contemporaine d’Andalousie à Cordoue. Son travail est présenté par la gallerie etHall et elle est artiste au centre hangar.org à Barcelone.



 













Née à Clermont-Ferrand en 1992, Camille Brée vit et travaille à Paris. Fortement influencée par un voyage dans la réserve indienne Hopis aux États-Unis, elle s’interroge sur les conditions du visible et l’émergence des formes. Elle est diplômée de l'ESACM (Clermont-Ferrand) en 2015 avant de rejoindre le département Dirty Art de l'Institut Sandberg (Amsterdam) en 2020. Son travail a récemment été présenté au Frac Île-de-France - Le Plateau (Paris), à Omstand (Arnhem, NL), à Image/Imatge (Orthez), à TONUS (Paris), à la Galeria Madragoa (Lisbonne), à la Des Bains Gallery (Londres), au Château Jolimont (Bruxelles) et au CAPC (Bordeaux). Elle a participé à plusieurs résidences à l'étranger, telles que  Gasworks (2025), Safra (Lisbonne, 2022), WOW (Amsterdam 2021-22), Artméssiamé (Togo, 2021), Atelierhaus Salzamt (Autriche, 2017), et Villa Garikula (Géorgie, 2016). Elle est membre actif de DOC !, un espace autogéré de production et de diffusion artistique à Paris.