Jesús Alberto BeníteZ

5755-a (Le Sommeil de la raison), 2021




Jesús Alberto Benítez pratique le dessin, la peinture, la photographie et l’installation mais semble faire de la formation de l’image le fil rouge de son œuvre. Ses photographies insistent sur leurs conditions d’apparition. Une récente série de photographies donne à voir des fragments de l’écran de son ordinateur où apparaît la texture de l’image à l’état de fichier numérique. Ses dessins sont volontiers sommaires : quelques traits plus ou moins spontanés qui semblent vouloir s’agréger pour former une image. Ses peintures ne sont souvent que l’empreinte d’un geste, à l’instar du recouvrement ou du raclage. (Tiré de L’image au défi, Etienne Hatt, Art Press, n° 473, janvier 2020. Texte intégral en ligne sur Réseau-DDA.org)

Né en 1978 à Valencia au Venezuela, Jesús Alberto Benítez est diplômé de l’ENSBA de Lyon. Son travail est présenté lors d’expositions personnelles : Sommeil d’Airain, Fondation Takini à Lyon en 2018, Sur le plan, on efface toute structure, Openspace, Nancy, 2016 ; Eva Barto-Jesús Alberto Benítez à la galerie Annex 14, Zürich en 2014 ; Dérivée, Rectangle, Bruxelles, 2013 ; Le Centre n’est pas un point, galerie Frank Elbaz, Paris, 2012, Papier sur le Bureau, Le Bleu du Ciel, Lyon, 2007. Et d’expositions collectives : La Photographie à l’épreuve de l’abstraction, Centre Photographique d’Île-de-France, Pontault-Combault, 2020; Dust : The Plates of the Present, présenté au Centre Pompidou en 2020, à la galerie Praz-Delavallade, Paris en 2017 et à Baxter Street, New York en 2015; La Forêt usagère, Galerie Dohyang Lee, Paris, 2014; Vers une Hypothèse, Résonance Biennale de Lyon, Fort du Bruissin, Francheville, 2013. Sa publication monographique Un élan de réversibilité est parue aux Editions Adera en 2015.  

5755-a (Le Sommeil de la raison) est le produit d’une succession d’opérations techniques que l’artiste a infligé à une photographie en couleur : recadrage, zoom, prise en photo de son écran d’ordinateur, recadrage à nouveau, applications de filtres de couleurs via un logiciel de retouche d’image… Tel un peintre, l’artiste vient moduler les valeurs, faire monter certains tons, disparaitre d’autres, saturer ici, et ombrer là.

  La première partie du titre très concret et pragmatique - le nombre que l’appareil photo donne automatiquement au fichier - est accolée à la référence à l’eau-forte El sueño de la razon produce monstruos (Le sommeil de la raison engendre des monstres), gravure du peintre espagnol Francisco de Goya, réalisée entre 1797 et 99. Benítez souhaite, comme Goya en son temps, donner une impression crue de la société et des inégalités nous environnant. Il appauvrit ainsi la photo originale, et la rend presque abstraite par différentes actions techniques. « C’est comme râper la photo avec du papier de verre » dit-il : la machine est cassée, ici stridente et pixélisée : la réalité se dérobe aux promeneurs·euses.


+ d’infos sur l’artiste sur le site Documents d’artistes Auvergne-Rhône-Alpes:
http://www.dda-ra.org/

www.jesusalbertobenitez.com